L'oiseau du Bon Dieu (2013) by McBride James

L'oiseau du Bon Dieu (2013) by McBride James

Auteur:McBride, James [McBride, James]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Lit. Americaine, Roman
Éditeur: GALLMEISTER
Publié: 2015-09-05T22:00:00+00:00


18

Je rencontre un grand homme

Le Vieux a fait escale dans la maison de M. Frederick Douglass pendant trois semaines. Il a passé la plus grande partie de ce temps dans sa chambre, à écrire et à étudier. C’était pas quelque chose d’inhabituel pour lui, s’asseoir devant du papier et écrire, ou aller et venir la poche pleine de boussoles, gribouiller des notes, consulter des cartes et tout ça. Ça donnait jamais rien, mais trois semaines, c’est long, et c’était dur pour moi de rester à rien faire dans la maison de quelqu’un, et pour le Vieux, j’imagine que c’était encore pire. Le Capitaine, c’était un homme d’extérieur. Il pouvait pas rester assis longtemps devant la cheminée, ni dormir dans un lit de plumes, ni même manger de la nourriture qu’était cuisinée pour des gens civilisés. Lui, il aimait tout ce qui était sauvage : ratons laveurs, opossums, écureuils, dindons sauvages, castors. Mais la nourriture préparée dans une vraie cuisine - biscuits, tarte, confiture, beurre -, il pouvait pas supporter ça. Alors, c’était suspect qu’il s’attarde là aussi longtemps, vu que c’était exactement ces choses-là qu’ils mangeaient dans cette maison. N’empêche, il restait tapi, tout seul dans sa chambre, sortant que pour aller aux toilettes. De temps en temps, M. Douglass y entrait et je les entendais papoter en élevant la voix. À un moment, j’ai entendu M. Douglass dire : “Jusqu’à la mort !”, mais j’ai pas compris de quoi il parlait.

Trois semaines, ça m’a donné tout le temps de faire connaissance avec la maison Douglass, une maison qu’était dirigée par les deux femmes de M. Douglass - une blanche et une noire. C’était la première fois de ma vie que je voyais une chose comme ça, deux femmes mariées au même homme, et les deux de race différente. Elles s’adressaient à peine la parole. Quand elles se parlaient, on aurait dit qu’un morceau de glace venait de tomber dans la pièce, vu que Miss Ottilie était une femme blanche allemande, et Miss Anna une femme noire du Sud. Elles étaient assez polies l’une envers l’autre, enfin, plus ou moins, mais j’imagine que si elles avaient pas été civilisées, elles se seraient assommées à coups de poing. Elles se détestaient comme la peste, c’était ça la vérité, et elles déversaient leur rage sur moi, vu qu’à leurs yeux j’étais fruste, j’avais besoin d’une coupe de cheveux et d’apprendre les bonnes manières, la façon de s’asseoir et de faire la révérence et tous ces trucs-là, quoi. Je leur ai donné un sacré boulot dans ce domaine, vu que les quelques manières et façons de se comporter que Pie m’avait apprises là-bas, dans la prairie, c’était que de la bouse de vache pour des femmes comme elles, qui utilisaient pas des toilettes extérieures, qui chiquaient jamais et qui disaient jamais des mots comme “hue et dia” ou “barre-toi”. Après que M. Douglas m’a présenté à elles et qu’il s’est retiré pour se livrer à ses propres griffonnages - il griffonnait aussi, comme



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